Bonsoir les fantomes, Je suis entrain de lire
Bonsoir les fantomes,
Je suis entrain de lire assis dans la penombre de ma thebaide, la radio diffuse de la musique, cet hiver n’en finit pas de rester, il est plus de minuit. La musique et c'est Louis qui la remplace de sa voix hesitante, Louis téléphone d’une cabine, sa voix est étranglé à la radio, il appelle dans le noir, au milieu du froid et des tours désolantes, il dit qu’il est timide, mais que l’anonymat, l’heure et ce terrible sentiment d’urgence lui permettent de pleurer sa douleur. Il a 37 ans Louis et il n’a jamais connu de fille, ça le ronge, le détruit à petit feu, il travaille mais il vit chez ses parents, c’est pour cela qu’il appelle d’une cabine. Il à besoin d’en parler, c’est vital mais il ne sait pas à qui, il se demande si il est normal ce qui peut bien ne pas aller chez lui. Il revient sans cesse sur cette question qui l’obsède, qui le réveille la nuit. On sent son supplice, il veut calmer sa douleur, il se sent si seul Louis, si seul qu’il sanglote à la radio, seulement la musique revient et il retourne dans cette chambre qu’il à depuis 30 ans, à coté de celle où dorment ses parents, pour quelques minutes peut-être quelqu’un a écouté son calvaire… Chaque fois que la musique s’arrête d’autres Louis appellent, ils déversent sur les ondes leurs peurs, leurs misères, leurs émotions ou leurs fantômes. Insomniaques, travailleurs de nuit, routiers, la grande armée des égarés crée une chaîne de solidarité … Certains appellent parce qu’ils ont été Louis à un moment et ont su surmonter toutes ces difficultés, et pour tous ceux qui écoutent c’est un peu comme une pommade sur les foulures de leurs vies, ils ne sont plus seuls, leurs tourments n’est pas unique, il est partagé, il redevient humain… Il y a cet homme qui ne voit plus la mère de son fils, qui a un petit garçon qui ne le connaît même pas, il y a ceux qui n’osent pas dire leurs mal de vivre, ceux qui doivent cacher leurs misères morales, leurs homosexualités, leurs chagrins d’amours, ceux qui se culpabilisent d’avoir mis maman ou papa en hospice, ceux que le suicide hantent comme une obsession, ceux qui restent après la mort et qui errent piteusement dans le quotidiens et tous ont besoin de hurler, cela fait si longtemps qu’ils se taisent. Elles sont loin les soirées de causeries sous les grands arbres de la place du village, où chacun se retrouvaient à la fin de la journée et où quelques mots échangés effaçaient les supplices de tous…