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Willy Brouillard le Flicard

12 mars 2010

Bonsoir les fantomes, Paris de jour, promenade

Bonsoir les fantomes,

Paris de jour, promenade diurne, quelques heures avant Chloé. Les rues de la capitale, un petit bonheur nouveau a chaque fois, fontaine St Michel, dans mes oreilles "Hey there deliha" des, musique propice à la flanerie. Je remonte la rue St Michel, direction les bouquinistes, et en attendant je laisse mes yeux se porter sur les visages que je croise, sur les gens, les jeunes filles et leurs jambes.

J'aime cette ville, ces quartiers si difcharlotte_20au_20chocolatferents les uns des autres, les bouches de metro a l'haleine fetides qui vous avallent dans leurs entrailles tiedes et meandreuses. Toutes ces vies que l'on croise, pour quelques minutes.

Heures de pointes, tous blottit sur le quai, chacun dans sa tête, si loin en fait les uns des autres. On monte dans le desordre et le bruit.On se bouscule un peu, elle s’assoit devant moi, très vite comme si rester debout la gênait. Elle ne regarde personne, juste ses chaussures. Elle est jeune, 25 ans tout au plus. Elle est grosse… De fortes hanches, de larges épaules. Elle est triste et l’on ne voit que ça. Ses vêtements sont soignés, ses chaussures luisantes, polies par ses regards. Elle est à la mode d’une autre époque, porte un tailleur gris, un chignon et son petit sac à main en cuir repose sur ses genoux, ses habits exhalent morosité et chagrin. Elle est sage, un peu courbée sous le poids de sa souffrance, ne doit jamais crier, rire, chanter, courir où danser. Par moment elle lève la tête pour regarder la vitre qui ne renvoit que son reflet alors elle revient très vite à ses souliers propres, la détresse d’une vie.

Je descend change de station et c'est une autre fille qui attire mon attention, toute vetue de sombre, long manteau qui lui donne cette impression de flotter quand elle se deplace, ses pieds disparaissant en dessous, ses longs cheveux noires et son visage pale presque anemié avec pour souligner cette paleur des traits marqués noirs sous les yeux. Elle s'est assise en face moi et de ses longs doigts fin elle a ouvert un livre, En regardant son reflet dans la glace je me suis alors demandé pourquoi elle s'habillait comme cela, pourquoi elle avait choisit un autre chemin que celui si banal du jean tennis ou meme taille basse botine. Il en faut du courage pour etre different. Est ce parce qu'elle ressent un profond mal-etre que son ame est triste et que la vie lui semble vaine et desespérée qu'elle s'envelope de sombre et mimetise la mort? Ou est ce parce qu'elle cherche à s'apparenter tout simplement a un groupe, en portant l'uniforme des gothiques? Meme si c'est le cas, ou meme si c'est tout simplement par gout esthetique ou pur provocation, elle a choisit la difference et en cela elle a mon respect. Ne pas etre comme les autres, ne pas suivre le troupeau, penser par soi et se moquer du reste du monde, etre libre de ses opinions de ses envies et ne pas avoir peur de choisir d'autre chemin que ceux balisés par le commun des mortels...

Ado je portais des jeans troués, un blouson de cuir et je voulais ma pensée unique et seule dans le vrai. Bien sur la vie se charge assez vite de vous apprendre l'humilité et les nuances de couleurs, il n'y a jamais de separation nette, jamais de noir et blanc, tout est toujours gris, gris clair et gris foncé... Mais de cette epoque j'ai gardé ce coté rebelle, cette volonté d'etre different de penser par moi meme, d'ecouter mes envies de faire une multitudes de projets inutiles et surtout de toujours "accrocher mon char a une etoile", il y a un sens a ma vie celui de vivre vraiment pleinement chaque minutes et d'en tirer le plus de bonheur possible et d'emerder le reste du monde.

J'ai deja bien vecu, remplies a ras bord mes heures. Pas encore assez bien sur, il n'y aura jamais assez de voyages, de gens, de rencontres, d'amour et de haine, jamais assez d'aventures et de livres...

Les bouquinistes, choix laborieux, deja lu, couverture qui ne plait pas, resumé qui ne laisse rien presager de bon et puis au bout d'un moment le bon livre et ensuite... une terrasse au starbuck, un chocolat caramel et en attendant ma douce Chloé un peu de lecture, moment souvent perturbé bien sur par un sourrire ou de long cheveux qui m'hypnotises quelques secondes, ma vie parisiene. Et puis quand le jour commence a gresiller et que la penombre s'installe Chloé apparait comme un baiser dans le cou.

Chloé... Nous rentrons, je passe faire trois courses, poulet basquaise, lambrosco et baisers sucrés et comme ce vin qui petille son corps en dessert acidulé avant de rentrer vers ma thebaide.

"La voie royale" de Malraux un recit d'aventure teinté d'autobiographie, si la nuit m'attends un peu je vais l'accompagner de carrés de chocolat et m'endormir dessus.

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8 mars 2010

Bonsoir les fantomes, Je suis entrain de lire

Bonsoir les fantomes,

Je suis entrain de lire assis dans la penombre de ma thebaide, la radio diffuse de la musique, cet hiver n’en finit pas de rester, il est plus de minuit. La musique et c'est Louis qui la remplace de sa voix hesitante, Louis téléphone d’une cabine, sa voix est étranglé à la radio, il appelle dans le noir, au milieu du froid et des tours désolantes, il dit qu’il est timide, mais que l’anonymat, l’heure et ce terrible sentiment d’urgence lui permettent de pleurer sa douleur. Il a 37 ans Louis et il n’a jamais connu de fille, ça le ronge, le détruit à petit feu, il travaille mais il vit chez ses parents, c’est pour cela qu’il appelle d’une cabine. Il à besoin d’en parler, c’est vital mais il ne sait pas à qui, il se demande si il est normal ce qui peut bien ne pas aller chez lui. Il revient sans cesse sur cette question qui l’obsède, qui le réveille la nuit. On sent son supplice, il veut calmer sa douleur, il se sent si seul Louis, si seul qu’il sanglote à la radio, seulement la musique revient et il retourne dans cette chambre qu’il à depuis 30 ans, à coté de celle où dorment ses parents, pour quelques minutes peut-être quelqu’un a écouté son calvaire… Chaque fois que la musique s’arrête d’autres Louis appellent, ils déversent sur les ondes leurs peurs, leurs misères, leurs émotions ou leurs fantômes. Insomniaques, travailleurs de nuit, routiers, la grande armée des égarés crée une chaîne de solidarité … Certains appellent parce qu’ils ont été Louis à un moment et ont su surmonter toutes ces difficultés, et pour tous ceux qui écoutent c’est un peu comme une pommade sur les foulures de leurs vies, ils ne sont plus seuls, leurs tourments n’est pas unique, il est partagé, il redevient humain… Il y a cet homme qui ne voit plus la mère de son fils, qui a un petit garçon qui ne le connaît même pas, il y a ceux qui n’osent pas dire leurs mal de vivre, ceux qui doivent cacher leurs misères morales, leurs homosexualités, leurs chagrins d’amours, ceux qui se culpabilisent d’avoir mis maman ou papa en hospice, ceux que le suicide hantent comme une obsession, ceux qui restent après la mort et qui errent piteusement dans le quotidiens et tous ont besoin de hurler, cela fait si longtemps qu’ils se taisent. Elles sont loin les soirées de causeries sous les grands arbres de la place du village, où chacun se retrouvaient à la fin de la journée et où quelques mots échangés effaçaient les supplices de tous…

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2 mars 2010

Je suis content que vous soyez venus, que vous

Je suis content que vous soyez venus, que vous soyez là….

Je rentre, une nuit, encore une nuit, des visages, des cries, la vie des autres en pleine figure sans jamais de preambule, j'eteins la lumiere de mon salon, l'ecran diffuse son rassurant hallo bleuté. Ici je laisse à nouveau un mot, à vous autres fantomes de mes nuits tant de fois je vous ai visité, invisible compagnon de mes insomnies, diluant l'alcool qui coule dans mes veines, et ce soir encore une fois je prend la parole.

Musique de fond, quelque chose de tres doux ce soir, des paroles que je connais presque par coeur, que je comprend.

Je me laisse aller avant de dormir, le masque du travail fond sur mon visage, je redeviens moi.

Je ferme les yeux et dans la nuit de mes paupieres, je me souviens de ses cheveux dans le vent.

La bassesse, la violence, la haine, la crasse tout cela s'envole avec ses cheveux qui dancent dans le vent.

Elle a dix huit ans, c'est jeune encore jeune à mon gout pour porter un enfant, surtout quand cet enfant est imposé par ses parents et deja vendu a quelqu'un d'autre. C'est à cela que s'est resumé l'amour d'une mere ce soir, imposer à sa fille d'etre une mere porteuse, et vendre avant meme sa naissance le pauvre gosse. Pas encore né déja une marchandise. Je n'ai meme pas osé demandé comment la petite avait été fecondé, trop peur de la reponse. Le bébé n'a pas passé l'examen de toute façon, mal formé un truc du genre, pas comme il faut, devenu un probleme, pensez donc elle avait promis un bébé en bon etat, deux bras de jambes pas de mousse dans les oreilles ou de chromosome en plus, pas une marchandise avariée, donc on efface tout ça et on recommence.

Voila ma nuit, une gosse qui se fait avorter a l'aiguille à tricoter dans les toilettes d'un appartement insalubre, qui fuit sa mere tortionnaire la robe pleine de sang la douleur qui lui tord le ventre, recupérée par des pompiers rentrant d'un feu de voiture. Et nous que l'on appelle au secours, retrouver le foetus, vite, peut etre viable... qui sait... Si la chasse d'eau n'a pas ete tirée.

La porte de l'appartement au 8 eme d'une tour de 22 etages, des coups de plus en plus violents, "ouvrez POLICE", menace dans la voix, elle comprend la mere, elle ouvre, elle a pas vraiment le choix, on rentre vite, on la bouscule, on fouille l'appartement, les toilettes, tout ce sang meme pas bien essuyé, l'odeur d'excrement, l'odeur de l'humanité qui part a vau l'eau.

Cuvette des toilettes noir de je n'ose imaginer quoi...

Dans le couloir derriere moi, elle bafouille la mere, demande pourquoi on crit, pourquoi on fait tout ce bordel chez elle, presque indignée. Le sang dans les toilettes? sa fille sans doute, petite trainée, elle sait pas, un foetus? Quelle drole d'idée.

Je marche dans l'appartement, je regarde autour de moi, la crasse, la vaisselle qui deborde de l'evier, le repas de l'avant veille qui commence à pourrir sur la table, deux gosses qui dorment dans le salon à meme le sol sur la moquette elimée, des insectes de partout, mouches, cafards, et autres... La salle de bain pour me laver les mains, la lumiere fait fuir dans le trou d'evacuation de l'evier un armée silencieuse de cafard. Pas d'eau, coupée depuis des lustres. Je quitte l'appartement, trouver de l'air moins putréfié. Il y a du sang dans le couloir, le vide-ordure, on comprend tous en meme temps, les escaliers, le local poubelle.

Petit sac en plastique sanguinolant reposant sur des dechets du quotidien, au millieu des coquilles d'oeufs et des pellures de bananne. Il n'aura jamais de nom, c'est peut etre mieux ainsi...

Je ne juge pas, en 15 ans de ce boulot je n'ai presque jamais jugé mes freres humains, et pourtant ces quelques années m'ont fait croiser toute sorte de turpitude...

Ce n'est pas l'ethnie, l'origine sociale, la couleur de peau, la religion, qui aboutit a nous faire decouvrir au beau millieu de la nuit le petit cadavre d'un foetus dans une poubelle en plastique, c'est l'homme, sa betise, sa mechanceté ou son inconsequence.

Je ne fais pas de moral, je suis l'etre le plus mal placé pour en faire de toute façon, mais...

Mais si je me moque eperdument ce soir de ce petit bout de viande grisatre dans son sac en plastique congelation, je pense a la vraie et seule victime de tout cela, celle qui vit, à qui on a vendu la chaire, et que l'on a torturé, celle qui retournera dans cet enfer une fois soignée pour peut etre recommencer...

Dans ton lit d'hopital petite soeur dors bien le monde peut attendre demain... Moi j'ai l'image de ses cheveux dans le vent et toi que te reste t'il ce soir?

Dormez bien les fantomes

valat0739Bonsoir les fantômes...

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Willy Brouillard le Flicard
  • Assis sur un banc au bord de la seine, emitouflé de nuit. De la musique dans la tete, un peu de poesie, des larmes de Jazz. Je cherche quoi faire de mes dix doigts puisque decidement je ne fume pas.
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